Z comme Zone française d'occupation

Après la capitulation de l’Allemagne, l’administration des territoires occupés se met en place. Une de ses missions est de rechercher et juger les criminels de guerre. La dénazification et la rééducation du peuple allemand font aussi partie des objectifs mis en œuvre par les personnels des gouvernements militaires installés à partir de l’été 1945 en zone française d’occupation (ZFO). En Allemagne, le service des Personnes déplacées et réfugiées (PDR) et notamment chargé de rechercher les Alsaciens et les Mosellans incorporés de force.

Sept ans d'activités en faveur des personnes déplacées
en zone française d'occupation, 1945-1952
(Archives diplomatiques, AL H 40 (1) bis) 

La collecte des témoignages oraux sur l’occupation française en Allemagne et en Autriche fait clairement apparaître le rôle important joué par les Alsaciens-Mosellans après-guerre. On pourrait y inclure les descendants des optants comme le gouverneur militaire de la Sarre, Gilbert Grandval, de souche alsacienne ; né Hirsch-Ollendorff, l’ancien résistant représente pendant dix ans les intérêts du gouvernement français en Sarre. En 1955, dans son allocution de départ, il affirme qu’il doit à la Sarre quelques-unes de ses plus belles années.

On retrouve ainsi à tous les échelons des gouvernements militaires des personnels originaires des départements annexés, comme Ady Claude, qui, après la guerre, était interprète en Allemagne. Le bilinguisme fait notamment partie des critères de sélection des personnels en ZFO et il n’est donc pas étonnant de retrouver, parmi les traducteurs et interprètes du procès de Nuremberg, des hommes et des femmes originaires d’Alsace et de Moselle. 

Les dossiers de carrière sont une source très précieuse pour retracer le parcours professionnel des Alsaciens-Mosellans en poste après-guerre dans l’administration des territoires occupés mais aussi pour mieux comprendre le contexte général de l’époque. 

Les Archives diplomatiques conservent à La Courneuve 44 000 dossiers nominatifs dans la série du Personnel français en ZFO (1 PL) ainsi qu’une trentaine de témoignages oraux collectés de 1996 à 1999. Parmi les acteurs de l’occupation française interrogés, on retrouve des Alsaciens-Mosellans comme Christian Wilsdorf, l’archiviste paléographe en charge du rapatriement des archives de l’occupation. 

Cette collecte a été documentée dans un article paru en 1998 dans La Gazette des archives qui apporte en conclusion un éclairage sur cette période : « La jeunesse d’une partie importante des acteurs, une large autonomie d’action, le tout mêlé au sentiment de participer à une œuvre de reconstruction ont fait que les attitudes d’adversité ou de revanche à l’égard du peuple allemand se sont très vite estompées »