O comme Ornans : centre d'internement du Doubs

En temps de guerre, tous les étrangers sont suspects au nom de la sécurité nationale ! En 1914, lorsque l’armée française reprend possession d'une partie des territoires annexés en 1871, elle évacue notamment les hommes mobilisables afin d'empêcher leur incorporation dans l’armée allemande. Dès le mois de novembre, une commission des évacués et internés Alsaciens-Lorrains est chargée de catégoriser les habitants afin de distinguer les personnes suspectes ou à l'attitude incertaine de celles qui montrent des sentiments francophiles. 

Ainsi, comme tous les ressortissants des puissances ennemies présents sur le sol français, les Alsaciens-Lorrains non naturalisés sont tenus de quitter les départements situés le long de la ligne de front et sont regroupés dans des camps d'internement. Cette mesure concerne également les Alsaciens-Lorrains ayant quitté le Reichsland avant la déclaration de guerre ou ceux installés dans les colonies françaises, comme Albert Schweitzer et son épouse. 

Les camps où sont internés les Alsaciens-Lorrains sont répartis entre l’ouest de la France (Bretagne, Normandie), les Pyrénées, l’Auvergne, la Drôme, la Provence et la Corse. Dans cette nébuleuse, deux sites du Doubs jouent un rôle important : le centre d'internement Bellevaux de Besançon et l'ancien séminaire d'Ornans où près de 800 alsaciens ont transité.


Photogramme de la vidéo consacrée aux centres d'internement sur France 3 Bourgogne Franche-Comté

Dès février 1915, l'hospice Bellevaux sert de camp de triage en accueillant des personnes refoulées de la zone des armées dont 8 000 Alsaciens-Lorrains envoyés à Besançon pour une première identification. Les Alsaciens-Lorrains d'Ornans ont été jugés comme étant de sentiment français et donc orientés vers un camp de type Dépôt libre (voir tableau ci-dessous).

Principaux camps où ont été internés des Alsaciens-Lorrains
En outre, les Alsaciens-Lorrains faits prisonniers de guerre sur les différents fronts sont également dirigés vers des camps d’internement français. 

Les archives de ces dépôts permettant de retracer le parcours des internés et réfugiés sont principalement conservées hors d’Alsace-Lorraine comme par exemple aux Archives départementales du Doubs, dans la sous-série 10 R. Elles comprennent les dossiers sur le fonctionnement de ceux-ci ainsi que des informations relatives à l’entrée et à la sortie des internés, et, parfois, des dossiers individuels sur les personnes. 

Sur toute la période de la guerre, on compte 17 321 Alsaciens-Lorrains, dont 5 861 rapatriés depuis la Russie en 1917, via le Royaume-Uni. Dans la sous-série AJ 30 des Archives nationales relative au rattachement des territoires annexés à la France à l’issue de la guerre de 1914-1918, on retrouve notamment des fiches concernant les prisonniers et précisant les dépôts dans lesquels ils ont été internés.

Commentaires