V comme Volontaires alsaciens-lorrains

Quelle affaire, cette quatrième de couverture ! Un an avant la parution du guide sur les Alsaciens et Mosellans de 1870 à 1945, j'avais retenu une photographie conservée au Service historique de la Défense dans un fonds privé, pour illustrer l'engagement des Alsaciens-Lorrains dans l'armée française pendant la Première Guerre mondiale... mais sans chercher dans un premier temps à identifier les protagonistes.

Portrait dédicacé d’Eugène Kuentzmann et de son épouse

en tenue d’infirmière portant une coiffe alsacienne

ainsi que le drapeau du corps des volontaires alsaciens-lorrains

(Service historique de la Défense, Vincennes, GR 2 K 39). 

Gallica
L'Humanité (5 août 1916)
NP Vue 2/4

Et, ce n'est qu'au moment de rédiger la légende que j'ai compris qu'il s'agissait de l’architecte Eugène Kuentzmann, né à Strasbourg en 1865 et dont le père avait opté en 1872. Malgré ses appels à mourir pour la France, dès août 1914, Kuentzmann est condamné pour escroquerie ainsi que son épouse en 1916 (voir ci-contre).

La presse s'en fait l'écho et une recherche sur la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales permet de retrouver en quelques clics la cote d'un dossier intitulé Corps des volontaires alsaciens-lorrains. Plainte contre le président l'architecte E. Kuentzmann, 1915-1917.

Je me suis alors posé un problème de conscience. Fallait-il rester sur mon idée initiale de publier ce portrait d'un couple controversé en quatrième de couverture ou faire de l'auto-censure ? Et ma décision fut vite prise : traîtres ou escrocs, ils font partie de l'histoire complexe de l'Alsace-Lorraine qui n'est jamais manichéenne.