U comme Usine de soude

Au XIXe siècle, c’est principalement la surexploitation des forêts et les incendies qui préoccupent les habitants de Porquerolles, marqués durablement par celui de 1897 qui a ravagé les deux tiers de l'île et laissé craindre pour le village. L’usine de soude du Langoustier, dont l’activité a contribué à entamer la forêt et à déclencher de nombreux incendies, a aussi laissé des traces visibles sur la plage noire de Port Fay.

Dès 1824, la société Rigaud, Crémieux & Delpuget souhaite délocaliser sur l’île de Porquerolles son usine de Septèmes (Bouches-du-Rhône) pour éviter de payer de fortes indemnités en raison des effets nocifs de leurs rejets d’acide chlorhydrique. 

Un document conservé à Toulon par le Service historique de la Défense éclaire les débuts de l’usine et notamment les négociations complexes pour l’échange de la Tour du moulin appartenant aux propriétaires de l’île contre deux hectares de terrains militaires :

« C’est pour la seconde fois que les propriétaires de l’île de Porquerolles propose (sic) cet échange au gouvernement et demande l’autorisation d’établir près du Langoustier une fabrique de produits chimiques leur première proposition eut lieu au commencement de l’année 1824 ». 

Le capitaine du génie Grivet précise dans son rapport du 15 juin 1826 qu’il n’existe aucun autre point sur le littoral où l’on peut installer avec avantage un tel établissement qui nécessite à la fois un port commode et une source d’eau douce abondante. En outre, le Langoustier est séparé du reste de l’île par une chaîne de colline susceptible d’arrêter les vapeurs malfaisantes pour éviter d’incommoder la garnison et en cas de vent du Sud, les gaz seront dirigés vers la mer « qui a le pouvoir de les condenser et de les précipiter ». En conclusion, le militaire est favorable à l’installation de la fabrique dans l’anse du Langoustier tout en préconisant la conservation d’une lisière d’environ douze mètres en bordure de mer. 

Plan relatif aux limites du terrain militaire sur la presqu'île du Langoustier, 1826
(Service historique de la Défense, MT 4 B1 38)

Le procédé Leblanc

La soude est utilisée pour fabriquer le savon de Marseille : 50 % d’huile d’olive, 30 % de soude et 20 % de chaux. Jusqu’au début du XIXe siècle, elle est principalement obtenue par l’incinération de plantes salées de type varech, salicorne, kali, etc., provenant essentiellement du littoral espagnol. À Porquerolles, l’usine fabrique de la « soude factice », en réalité du carbonate de sodium, qui a les mêmes propriétés que la soude d’origine végétale. 

Pour ce faire, l’usine utilise le procédé industriel Leblanc avec le sel marin comme matière première. Ce procédé est employé jusque dans les années 1870 où il est supplanté par le procédé Solvay moins polluant et surtout plus économique.

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