R comme Recherche « Suzane » désespérément
Dans son billet Dépasser le seuil des trois actes en généalogie, Sophie s'est interrogée sur les degrés qui séparent votre ancêtre « de l’état de “recherches en cours” à celui de “complet” » ! Et je pense qu'elle n'est pas la seule… Cette question est au cœur de ma réflexion archivistique et ne pouvait me laisser indifférente. Je vais donc faire une infidélité à Porquerolles pour y réfléchir avec vous ?
Si la généalogie est une histoire sans fin, c'est aussi que la pratique archivistique évolue et diversifie les modes d'accès à l'information et de fait influence la recherche… qui ne se limite plus aux documents, mais qui peut également aujourd'hui se faire à la granularité de la donnée. Cette évolution s'appuie principalement sur les nouveaux usages liés à la révolution numérique qui impacte la chaîne archivistique depuis la collecte jusqu'à la communication.
Rosanna Arquette alias Roberta Glass dans
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Prenons l'exemple qui me tient particulièrement à cœur, celui du Livre d’or de la Première Guerre mondiale. En 1973, dans la conclusion de son remarquable article sur ce projet demeuré sans suite, Marie-Thérèse Chabord regrettait que ce qui reste du monumental projet dorme « à tout jamais dans les cartons des Archives ».
Que veut dire « à tout jamais » dans le domaine de la recherche ? Si nous n'avons pas été en mesure de rendre facilement accessible le fichier des morts pour la France au format papier... les informations portées par ces mêmes fiches sont désormais à portée de clics.
Les archives sont conservées dans le temps et s'ouvrent au fur et à mesure...
Près de 50 ans après la publication de Marie-Thérèse Chabord dans la Revue historique de l’Armée, l’évolution des technologies et l'implication des valeureux annotateurs encouragés par la baguette magique du chef d'orchestre Jean-Michel Gilot ont permis d’offrir aux morts de la Grande Guerre leur panthéon numérique.
Il y a 6 ans, le dimanche 17 novembre 2013 : naissance du projet 1 Jour - 1 Poilu #1J1P https://t.co/W8beHAmN9h— 1 Jour - 1 Poilu (@1J1Poilu) November 17, 2019
Que de beaux souvenirs accumulés durant toutes ces années passées ensemble ;-) 🎂🎂🎂🎂🎂🎂 pic.twitter.com/gH0neY9DyG
Nous pourrions ainsi multiplier les exemples. Soit les archives sont redécouvertes, je pense notamment au fonds de Moscou, soit décrites différemment, soit rendues plus accessibles grâce à l'indexation collaborative ou encore à de nouveaux moteurs de recherche qui permettent de les explorer autrement… je pense à toutes les technologies autour de l'intelligence artificielle.
Il s'agit bien d'une boucle vertueuse qui permet d'alimenter le flux en continu tout en laissant certains dossiers en friche… bien entendu. Alors oui, d'accord avec toi Sophie, la généalogie est sans fin car elle s'appuie sans cesse sur de nouvelles ressources. Combien de tweets avons-nous vu passer durant ce #ChallengeAZ qui disait… j'ai fini mon article et un nouveau document vient tout chambouler ?
Un courrier qui m’apporte des éléments pour un article déjà écrit de mon #ChallengeAZ... J’hésite à le reprendre... ça n’est pas comme si j’avais encore plus de la moitié des articles à terminer 🤔 #généalogie https://t.co/F9ULqaD55f pic.twitter.com/0XpgkqYYeH— Delph Valmalle (@sudiste78) November 2, 2019
Pour moi, la recherche doit être agile, s'adapter, se réinventer, mais ne jamais s'arrêter dans l'attente d'une hypothétique source qui peut ne pas ou ne plus être conservée ou même ne jamais avoir été produite ! Le généalogiste doit accompagner cette réflexion en exprimant clairement ses besoins et ses attentes au regard de typologies documentaires originales qui émergent ou pas encore.
Alors, généalogistes, tout comme Sophie, je vous en conjure, n'enterrez pas une seconde fois votre ancêtre en refermant son dossier de manière définitive et gardez l'espoir de découvrir un jour une source inédite… en ouvrant la porte à ceux qui seront susceptibles de poursuivre vos recherches !
Pour cela, il faut laisser suffisamment de traces sur l'avancement de vos recherches en les publiant en l’état de “recherches” et ne pas attendre que le dossier soit “complet”, car dans les faits, il ne pourra pas l'être.
Si je ne retrouve pas le père d'Albert Daulier, peut-être que ma fille elle y parviendra !
Suzane, la recherche, jamais tu n'abandonneras !
Always in motion the future is !
Toujours en mouvement l'avenir est !
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A 100% d'accord avec toi Sandrine. Il n'est pas possible de toute manière de dire que les recherches sont finies concernant un individu ou une famille. Outre les nouveaux documents qui peuvent enrichir, confirmer ou tout chambouler, il y aussi notre analyse qui peut changer. Combien d'actes ai-je pu relire en me disant : "Mais pourquoi n'avais-je pas vu cette information là avant?". Au fur et à mesure de nos recherches, notre expérience et nos connaissances permettent d'avoir un autre regard et un autre niveau d'analyse. Donc oui, ne refermons pas nos dossiers. Peut-être qu'un jour...
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire et pour l'analyse complémentaire. En effet, je me suis placée - bien inconsciemment - du point de vue de l'archiviste… le chercheur lui, évolue dans sa connaissance et peut revisiter les sources. Mon projet sur les Mosellans n'aurait sans doute pas été le même avant mon guide sur les blessés de 14-18...
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