Q comme Quarantaine

La vocation sanitaire de Porquerolles remonte à la fin du XVIIIe siècle avec le centre de quarantaine qui accueille les soldats au retour de la campagne d’Égypte de Bonaparte. Les Archives nationales conservent un plan d’un établissement de quarantaine et une carte de l’île de Porquerolles, non datés, mais qui représentent selon toute vraisemblance les structures sanitaires installées à la fin du XVIIIe siècle.

Plan d’un établissement de quarantaine dans l’isle de Porquerolles (s. d.). 
Les bâtiments hors quarantaine sont à l’intérieur de la barrière et séparés par un fossé [9] 
(Archives nationales, MAP/G//213, pièce 2).

En tout état de cause, l’absence de batterie sur la pointe du Bon Renaud permet de dater cette carte avant 1810. Sa légende nous instruit sur la vocation sanitaire de l’île et la fréquentation des abords des forts du Grand et du Petit Langoustier.

Détail de la carte de l’isle de Porquerolles
 (Archives nationales, MAP/G//213, pièce 2 bis)

Les troupes déployées en Algérie, à partir de 1830, amènent leurs lots de convalescents qui viennent trouver le repos à Porquerolles. Cela donne ainsi naissance à un dépôt pour l’armée d’Afrique, installé vers 1842.

La mise en quarantaine, en 1856, des soldats de retour de la guerre de Crimée en est un des épisodes marquants. De la plage Notre-Dame à celle d’Argent en passant par les alentours du village, des camps sont installés pour recevoir des milliers de soldats.

Dans ses souvenirs, Alfred-Marie Symon de Villeneuve, jeune recrue du service de santé, explique :

« [les soldats] ne restaient dans l’île que deux ou trois jours, les partants remplacés continuellement par de nouveaux débarqués ; juste le temps de se nettoyer, de se prélasser d’une pénible traversée, et enfin, en respirant à pleins poumons cet air vivifiant, tonique et salubre, de se débarrasser sans danger pour leur famille, pour le pays où ils rentraient, de tous les germes morbides qu’ils pouvaient et devaient rapporter de cette terrible Crimée, véritable dévoreuse d’hommes ». 

Après cet épisode, le dépôt de convalescents reprend son activité, avec des infrastructures – dont un hôpital temporaire – qui se consolident en sanatorium dans la batterie du Lion, en contrebas du fort Sainte-Agathe. On y soigne les soldats malades de la guerre de 1870-1871, précédant ceux de la conquête de la Tunisie dix ans plus tard (1881), qui pérennisent un temps le dépôt menacé.

Alors que Port-Cros accueille les rapatriés du Tonkin (1883-1885), le général Émile Zurlinden, ministre de la Guerre, vient en 1895 à Porquerolles pour confirmer l’installation des convalescents de l’expédition du Dahomey, suivis peu après par des vétérans revenant de Madagascar, issus de la Légion étrangère et de l’infanterie coloniale.

Dans le cimetière de Porquerolles, un monument en forme d’obélisque, a été édifié en 1902 en souvenir des armées coloniales (Afrique, Crimée, Tunisie, Tonkin) ; il témoigne du devoir à rendre aux restes des militaires. S’y ajoute l’hommage aux morts pour la France des deux derniers conflits mondiaux.

Monument aux morts dans le cimetière de Porquerolles.

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