M comme Mèdes

Le Service historique de la Défense conserve à Vincennes des sources originales sur Porquerolles dans la série MV BB consacrée au service général, qui renferme notamment les correspondances de diverses entités du ministère de la Marine.

Pour l’entre deux-guerres, la correspondance à l’arrivée (MV 1 BB3) et les archives du cabinet et des commissions (MV 1 BB8) portent notamment sur la batterie haute des Mèdes. La construction qui s’est étalée de 1930 à 1932 a été un véritable tour de force. Ainsi, un des procédés remarquable employé sur cette construction demeure le camouflage expérimental dont elle a fait l’objet, confié au peintre de la marine Pierre Gatier.

Vue sud du poste de tir après camouflage
(Service historique de la Défense, MV 1 BB3 151)

Ce dernier a fait ses gammes durant la Grande Guerre en œuvrant au camouflage des navires inspiré du procédé Dazzle mis au point par les Anglais. Ainsi, grâce à une savante étude des formes et des couleurs peintes sur la coque d’un navire on parvient à limiter sa visibilité. À la faveur d’une période de réserve, Gatier propose en 1931 au ministère de la Marine de travailler au camouflage des batteries de côtes de la région toulonnaise.

Dessins de Pierre Gatier
(SHD, MV 1 BB8 99)
Le rapport de sa mission de camouflage est conservé dans le carton MV 1 BB8 99 où le talent de l’artiste transparait dans ses dessins, aquarelles et plans de maquettes à confectionner. Sa démarche s’inspire d’une analyse environnementale des lieux visités avec l’idée de s’appuyer sur le potentiel qu’offre les roches et la végétation pour camoufler les batteries de côtes.

Bien qu’il voie dans le site des Mèdes un emplacement entièrement découvert et une pierre ne donnant pas entière satisfaction, la batterie haute est choisie comme cadre d’expérience de camouflage. Les raisons de ce choix sont précisées dans l’avant-projet de 1933 conservé dans la correspondance à l’arrivée, sous la cote MV 1 BB3 151.

Avant-projet de camouflage (SHD, MV 1 BB3 151)


Tout d’abord, « la batterie se trouvait en construction. Il était donc possible de profiter de la présence de l’entreprise chargée de sa construction pour faire exécuter aux moindres frais les dispositifs de camouflage ».

Ensuite, « la batterie était installée en dehors de tout ouvrage militaire et se trouvait ainsi dans les conditions les meilleures pour être camouflée avec chances de succès ».

Enfin, le terrain était « recouvert par une végétation abondante et à croissance relativement rapide dont l’extension, convenablement aidée et dirigée, pouvait concourir efficacement au camouflage de la batterie ».

En pratique, le poste de direction de tir camouflé a fait l’objet d’un enrochement que l’on a coiffé d’un rocher artificiel, le tout réalisé à l’aide d’un treillage céramique enduit d’un ciment spécial, peint aux trois teintes principales de la coloration générale du terrain.

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