K comme Karina & Pierrot le fou

Parmi les nombreux tournages qui ont eu lieu à Porquerolles, celui de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard est sans conteste le plus remarquable. Après un périple qui les mène de Paris vers la Côte-d’Azur, les deux protagonistes du film, Ferdinand (Jean-Paul Belmondo) et Marianne (Anna Karina), se réfugient sur une île pour vivre à l’image de Robinson Crusoé. 

Les acteurs et l’équipe technique sont présents à Porquerolles pendant dix jours en juin 1965, logeant à l’hôtel Miramar ou à celui de la Poste. La caméra de Raoul Coutard, le directeur de la photographie, a su capter la beauté du lieu qui sert d’écrin aux pérégrinations de Ferdinand et Marianne ; beauté que l’on retrouve dans les clichés de Georges Pierre, le photographe officiel du film. 

Le photographe Alain Noguès s’est également glissé sur le plateau du tournage. En juin 2019, on pouvait admirer l'une de ses photographies d'Anna Karina à l'embarcadère de La Tour fondue sur la Presqu'île de Giens.

Photographie d'Anna Karina par Alain Noguès exposée en juin 2019 

à l'embarcadère de La Tour Fondue sur la Presqu'île de Giens

Les premières scènes tournées sont celles du travelling filmé près de la Courtade. Puis l’équipe se déplace vers l’Est. À la calanque de la Treille, au bout de la plage Notre-Dame, se trouve la maison où Ferdinand et Marianne habitent ; elle est aujourd’hui à l’abandon. Tout comme le ponton sur lequel Jean-Paul Belmondo et son perroquet voient arriver Anna Karina, marchant les pieds dans l’eau, extériorisant son ennui en répétant « Qu’est ce que je peux faire, j’sais pas quoi faire ! ». 

Cette célèbre scène qui est une improvisation, témoigne du fait que tourner sur une île est synonyme de grande liberté.

Tu me parles avec des mots, alors que moi je te regarde avec des sentiments !

Godard, un des cinéastes emblématiques de la Nouvelle vague, s’est souvenu qu’Ingmar Bergman avait fait cette expérience en filmant en partie Monika (1953) sur une île suédoise et Pierrot le fou est, sur certains points, un remake revendiqué de ce film.

Dans sa biographie de Godard parue chez Grasset en 2010, Antoine de Baecque écrit à propos du tournage à Porquerolles : « C’est un moment plus intense, mais, au dire de tous, assez magique, fusion entre la mer, le soleil, l’île et le film (…) » (p. 291). 

On retrouve en outre à la Médiathèque d'Hyères, des coupures de presse illustrant le tournage de Porquerolles.

« On tourne depuis jeudi à Porquerolles sous la direction de Jean-Luc Godard »,

20 juin 1965 (République Le Provençal)