T comme Tribulations de l'état civil

À la lettre N de mon challenge 2020, j'évoquais la disparition d'Ernest Rohrbacher, non-rentré de la Seconde Guerre mondiale. Outre le formulaire de régularisation de l'état civil, les pièces qui composent son dossier de décès [Disparition / Décès] en disent long sur le parcours administratif de sa famille après guerre.

Copie de la couverture du dossier de décès d'Ernest Rohrbacher
(SHD-Caen, AC 21 P 232 625 - boîte 832)


Avant de devenir la source privilégiée des généalogistes, les archives sont conservées pour permettre au citoyen de prouver ses droits. Aujourd'hui, on parle de parcours usagers, mais en 1945, la famille du soldat disparu a du franchir de nombreuses étapes pour régulariser l'état civil de leur fils, incorporé de force dans l'armée allemande le 28 avril 1944.

Ouvert en 1947, le dossier est clos 15 ans plus tard. Cette notion de clôture du dossier est extrêmement importante puisqu'elle indique la date du document le plus récent contenu dans le dossier, qui est celle à partir de laquelle la communicabilité du dossier est calculée. Pour en savoir plus sur vos droits d'accès aux documents publics, je vous conseille vivement de consulter @docs sur FranceArchives.

Copie d'écran du site FranceArchives

Pour en revenir à Ernest, la couverture de son dossier conserve les traces des tribulations de son état civil, depuis son acte de disparition du 19 février 1947 jusqu'à son jugement déclaratif de décès rectifié le 5 septembre 1963. 

Le 4 novembre 1958, l'enquête administrative n'est toujours pas close ! Il faudra quatre années supplémentaires pour obtenir le certificat de décès [Sterbeurkunde] en date du 17 décembre 1962 qui invalide la première hypothèse. Vu pour la dernière fois le 30 janvier 1945 à Schwed, il avait été déclaré mort à cette date et en ce lieu. Or, d'après le certificat établi par l'état civil de Berlin-Ouest, le militaire est bien décédé en Allemagne mais un mois plus tard, le 28 février 1945 près de Wuhden, au nord-est de Lebus-sur-Oder.

Certificat de décès d'Ernest Rohrbacher
(SHD-Caen, AC 21 P 232 625 - boîte 832)

À une coquille près [Wuhden... et non Wohden], ce sont bien les informations indiquées sur la fiche d'Ernest René Rohrbacher, né le 5 février 1926 à Sarreguemines (Moselle), mort pour la France à 19 ans et 23 jours, sous l'uniforme allemand.

Quelles sont les tribulations administratives de vos ancêtres qui ont été les plus longues ?

Commentaires

  1. Le récit détaillé des tribulations administratives autour du décès d’Ernest Rohrbacher offre un éclairage poignant sur les difficultés rencontrées par les familles après la Seconde Guerre mondiale pour obtenir une reconnaissance officielle de la disparition de leurs proches. La durée exceptionnelle du dossier (15 ans) et ses multiples étapes, notamment la rectification du lieu et de la date du décès grâce au certificat de Berlin-Ouest, illustrent la complexité des procédures posthumes dans un contexte marqué par des frontières mouvantes et des administrations en reconstruction. Ces documents, comme le Sterbeurkunde , témoignent non seulement de parcours individuels mais aussi des défis logistiques et juridiques pour établir une mémoire officielle. Les erreurs initiales, comme la mention de Schwed puis de Wuhden, soulignent l’imperfection des systèmes d’information à l’époque, tandis que la clôture finale en 1962 rappelle les délais souvent nécessaires pour clore des dossiers transnationaux. Ces archives, conservées avec soin, montrent comment les traces administratives peuvent révéler des histoires personnelles oubliées, tout en servant de preuves critiques pour les générations futures. Enfin, la référence à l’évolution des droits d’accès aux documents publics souligne l’importance de la transparence historique pour la recherche généalogique et mémorielle. Ce témoignage incite à explorer ces récits méconnus, qui mêlent résilience familiale et bureaucratie dans l’ombre des conflits.

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