P comme Pierre

Si ma fille Cécile avait été un garçon... elle se serait prénommée Pierre. Ce n’est que seize ans plus tard que j’ai compris la raison inconsciente de ce choix… et l’importance de ce prénom… transmis de génération en génération.
En cette fin de XXe siècle, je n’avais pas encore débuté ma généalogie et je n’avais pas la moindre idée des prénoms de mes ancêtres masculins, à l’exception de mes grands-pères qui s’appelaient tous les deux Émile ! J’ai attribué ce manque d'originalité à l’annexion allemande et à la difficulté de trouver des prénoms à consonance germanique. Durant cette période, les prénoms portés par ma famille se prononcent de la même manière en français et en allemand… Ainsi, les hommes qui naissent dans la branche agnatique s’appellent Christoph[e], August[e], Victor ou encore Emil[e]… CQFD.

La même difficulté se présentera pendant la Deuxième Guerre mondiale, où les Vorname [prénoms] des enfants nés durant la seconde annexion de la Moselle devront être germanisés.

Extrait du livret de famille de mes grands-parents maternels
J'ai déjà eu l'occasion de mentionner mon AAGP Georges, qui est le premier des Heiser à s'installer à Béning. Lorsqu’il se marie le 26 novembre 1866, il vient de perdre deux ans plus tôt son jeune frère Pierre. Soldat de 2e classe au 11e régiment de chasseurs d’Afrique (1er escadron,  matricule 4397), le militaire est décédé au combat de Saïn-Lagla le 26 avril 1864... il y a 150 ans.

Bibliothèque municipale de Toulouse
Journal de Toulouse (16 juin 1864)
Pierre, était né le 17 mai 1840 à Farébersviller et avait 3 ans de moins que mon AAGP... Et, tout naturellement, Georges appellera son premier fils Pierre, en souvenir de son jeune frère décédé en Algérie par suite des blessures faites par l’ennemi. 

Arbre mixte de Georges Heiser
Pierre était également le second prénom de mon père... vraisemblablement en souvenir de l'ancêtre disparu prématurément en Algérie.

Commentaires

  1. Voilà une belle analyse qui apporte de la valeur aux prénoms qui semblent sans histoire. C'est une grande satisfaction de pouvoir leur donner un sens et de les transmettre. Lorsque la généalogie contribue à rendre conscient des choix inconscients ou oubliés depuis des générations c'est fabuleux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je suis ravie de votre lecture. C'est sans doute l'un de mes billets les plus personnels... mais aussi le moins lu... aux antipodes d'Aliénor... alors que cette histoire m'a vraiment ouvert des perspectives insoupçonnées.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire